Omsk my god !!!

Bien peu serait à dire sur Omsk, malheureuse étape de notre voyage où nous n’avions de toute manière pas prévu de passer tant de temps que ça. Serait à dire car nous avons quand même réussi à y placer une petite aventure de notre cru…

Nous sommes arrivés en début d’après-midi dans cette ville, énorme centre urbain perdu à mi-chemin entre Moscou et Vladivostock. Arrivé en piètre état en ce qui me concerne, un co-voiturier adorable mais terriblement ronfleur m’ayant tenu éveillé toute la nuit. La nuit précédente ayant aussi été pauvre en repos à cause d’une série de cauchemars sans intérêts (ceux dont on ne se rappelle plus le lendemain, quel gâchis…), vous imaginez mon état sur le quai de la gare… Non ? Et bien pour vous faire une image, visionnez (ou revisionnez) les plus beaux classiques de Romero –‘

Piou n’avait pas réservé d’hôtel dans cette ville, considérant qu’il nous suffirait d’un accès à internet (dans un café par exemple) et un petit tour sur TripAdvisor. Mais trouver une connexion était déjà une quête en soi, les café-internet ayant disparu depuis Nijni-Novgorod. Et le centre-ville se trouvant à des kilomètres de la gare (sur la carte, une pécadille, mais on oublie vite qu’en Russie, les villes souffrent du même gigantisme que le reste du pays), nous avons été contraints de prendre le bus, et de régler la faramineuse somme de 12 roubles par tête… Avec le rythme décroissant du tarif des transports en commun (28 roubles à Moscou, 21 à Nijni-Novgorod, 19 à Tobolsk,…), je commence à me demander si on va nous payer pour voyager une fois à Ulan-Ude Oô

Dans le café « Voyage » (1), à l’entrée du centre-ville, nous avons pu ainsi découvrir qu’Omsk ne possédait qu’un seul type d’hébergement : les trop chers. Six mille roubles n’étant pas dans notre budget, Piou a fini par découvrir sur Booking.com une adresse qui proposait pour 1500 roubles une chambre double avec sanitaires privatives et accès au banya (le sauna russe). Malgré mon état de fatigue croissant (nous avions marché pendant 2h avec armes et bagages avant de découvrir le café Voyage), je trouvais quand même que ça sentait le moisi. Piou, elle, comme à son habitude, se félicitait déjà de sa bonne trouvaille. Certes, la photo du lieu était un peu miteuse, mixe entre le hangar de terrain vague et l’entrepôt de zone industrielle (subtile différence, vous en conviendrez), et les tarifs étaient 4 fois moins chers que la moyenne, et 2 fois moins que le moins cher au delà, mais nous avons décidé de lui donner une chance.

(1) Une adresse à connaître : c’est le seul point d’accès à internet que nous ayons croisé dans la ville… Et ils ont une carte en anglais, ce qui excuserait presque leur playlist composées des plus mauvais morceaux occidentaux… Tout troquet qui passe consécutivement Maria Carrey, Céline Dion et Zucchero devrait être démantelé, incendié, et ses ruines salées !

Armés de notre carte d’Omsk achetée à la gare, nous avons donc pris le tram jusqu’à l’entrée de la rue (2), et quelle rue… Déjà que la place de la gare et la grande artère reliant le centre-ville nous avait mis au diapason des différences entre Moscou et le reste du pays (ici, c’est pauvre, point), avec le 14ya-Linya (14ième rue de l’ensemble Linya) on touchait le fond et on s’armait d’une bonne pelle pour creuser. Deux styles architecturaux majeurs s’y confrontaient : l’immeuble soviétique en décripitude avancée et le bidonville en mode « jungle ». Dans notre rue, pas d’asphalte, plutôt le souvenir diffus d’un goudron de mauvaise qualité probablement déposé là de longues décennies auparavant pour faire passer ponctuellement un char ou deux. Des pompes à eau (manuelles, cela va de soit) servaient de point de rrassemblement à quelques jeunes et vieux venus y collecter de quoi cuisiner ou se laver, l’eau courante étant probablement prévue au programme de demain (celui qui chante) par les urbanistes soviétiques. Et plus on s’enfonçait dans le quartier, plus les regards des gens se faisaient lourds… Pas vraiment lourds s’amertume, de méfiance ou de peur, mais lourds d’incompréhension. Notre qualité de touristes ne faisait aucun doute, et ça en interloquait plus d’un de nous croiser de par chez eux. Mais nous, inconscients et bêtement heureux de découvrir (même des trucs moches), nous avalions les kilomètres en remontant 14ya-Linya…

(2) Grossière erreur de touriste débutant en Russie, les numéros n’indiquant pas les maisons mais les blocs d’habitation, certains pouvant couvrir des dizaines, voire des centaines de mètres…

Comme dit précédemment, je trouvais que ça sentait le pâté. Quand j’ai commencé à repérer des panneaux de carton illustrés d’une dame mal dessinée et à moitié nue se fouettant avec des branches (pratique traditionnelle des banya (3)) et pointant dans la direction où nous allions, j’ai trouvé que ça sentait plutôt le saindoux (gras, mais sans le goût du pâté). Et arrivés au bout de la rue, notre numéro manquait ! Il y avait certes une pente boueuse qui s’enfonçait vers le fleuve, mais pas d’hôtel… Quelques éléments (4) nous ont permis de comprendre le pourquoi du comment : notre hôtel pas cher avec banya compris n’était ni plus ni moins qu’un bordel. Et quoi qu’on en dise, 1500 roubles pour dormir dans un bordel, ça fait cher, surtout quand on ne compte pas avoir accès au service (ni utiliser, ou même imaginer pouvoir utiliser un jour, le banya… bêêêêêêêêêrk).

(3) Se fouetter avec des branches nouées (pour décrasser et raviver le corps), pas les femmes nues mal dessinées, voyons !
(4) Pour ne citer qu’eux : le sourire perplexe et rigolard des voisins à qui nous avons demandé notre chemin, l’air louche des hommes qui remontaient la pente en 4×4, les emballages de sextoys et autres restes de magazines porno mêlés à la décharge qui bordait la piste de part et d’autre sur toute la descente, etc…

Nous avons donc rebroussé chemin et traversé une partie de la ville à pied, la nuit tombant rapidement, la fatigue se faisant de plus en plus ressentir. Il ne nous restait comme seul espoir que les Komnaty Otdykha (chambres de repos de la gare, que l’on loue pour 6 ou 12 heures, réservées aux gens ayant un billet valide), généralement bon marché… mais évidemment pas pour nous, la seule encore disponible étant facturée 2400 roubles, soit un bon hôtel en France ! Nous avons essayé de dormir sur les sièges de la salle d’attente, mais Piou avait peur (à raison je crois) qu’une nouvelle nuit morcellée n’aboutisse qu’à mon trépas, voire à un nervous breackdown (qui commençait à bien s’amorcer de mon côté). Vers 23h, nous avons finalement décidé de payer la somme exhorbitante demandée par la guichetière, et dieu merci nous avons dormi… La vie, au final, ce ne sont que de petits plaisirs simples…

La seule chose positive que je retiendrais de cette ville sans internet, hôtel ou même plan d’urbanisme, c’est son petit stand de crêpes juste devant la gare où Piou est allé vaillamment et en pleine nuit chercher de quoi nourrir son Poisson Rouge qui commençait à marquer un peu beaucoup le temps passé hors de son bocal ^^

Mais après 10h de repos bien mérité, il est temps de reprendre la route ! Une journée et demi de train nous sépare d’Irkroutsk, d’où nous rejoindrons l’île d’Olkhone dont le programme se résume à… rien. Rhâââââââââââââââââ lovely…

 


Une réflexion sur “Omsk my god !!!

Laisser un commentaire