Edimbourg le mou

Passage obligé d’un séjour en Ecosse, la ville d’Edimbourg (1) est la capitale de coeur autant qu’administrative pour les résidents des contrées les plus boréales de la perfide albion. La fois dernière où nous sommes venus, à une glorieuse époque sans enfants où nous avions encore la condition physique et une dette de sommeil assez raisonnable pour avoir l’audace de nous lancer sur la randonnée du Mur d’Hadrien (2), nous avions assisté au Tattoo Festival, un évènement majeur où les unités militaires de tout le Commowealth venaient toutes montrer leurs talents de cornemuseurs (3). Cette année pas encore de Tattoo, mais déjà une ville en efferverscence avec une foultitude de festivals d’arts et de sport, dont le Fringe Festival, et des installations déjà mises en place pour accueillir les prochaines visiteurs.

Serait-il utile de vous raconter combien cette ville est belle ? Combien riche est son histoire ? Le nombre de personnages célèbres dont elle fût le berceau ? Comment le médiéval y côtoie le post-moderne ? (4) Même peuplée comme elle l’était par son habituel flot de touristes aoutiens (dont 50% de français, dont nous), c’est une ville assez extraordinaire qui sait se rendre appréciable par toustes et par tous temps.

SAAAAAAAUUUUUUUUUUUF…
Sauf si vous avez la bonne idée de prendre Curious About, l’un des auto-tour proposés par l’office du tourisme d’Edimbourg. Nous ne serions pas aussi catégoriques que les auteurs de l’article d’Edinburglive sur le côté « activité idéale pour une journée d’été », à l’exception d’avoir une aversion certaine pour les informations historiques, les mises en contexte et les anecdotes croustillantes. Des propres mots de Piou, préposée aux initiatives (5), le plan était « quand même correct » et le circuit a pu rester sympatoche malgré des portions entières des trucs à voir en cours de rénovation. Et un très mauvais restaurant. Qui m’a fait attendre alors que j’avais faim (6). Fous.

Mention spéciale aux Scotsman Steps, dont les 104 marches (qui relient la vieille et la nouvelle ville) s’élèvent depuis le Scotsman Building, près de la gare de Waverley, jusqu’à North Bridge. Construites en 1899, les marches ont commencé à se détériorer dans la seconde moitié du 20e siècle. C’est l’artiste lauréat Martin Creed qui a été embauché pour tenter une RCR sur cette oeuvre trop longtemps oubliée. Son œuvre, intitulée « Work 1059 » a recouvert chaque marche d’une nuance différente nuances de marbre provenant du monde entier. Le produit final est une ravissante cage d’escalier qui a un potentiel de fou, mais quand il fait un temps plus clair et faut être capable de passer outre le vandalisme qui a bien évidemment repris (7).

La suite de la balade nous a conduit sur les hauteurs de la ville, au sommet de la Colline de Calton. Une étrange acropole s’y dresse, comme un autre vestige anachronique dans un pays qui en compte décidément un certain nombre. Ce qui frappe en premier, ce sont les colonnes du National Monument of Scotland, édifié au 19e siècle pour comémorer les soldats tombés pendant les guerres napoléoniennes. Mais le lieu ne manque pas d’oeuvres d’exception, toutes érigées à la même époque pour célébrer la toute puissance de la Couronne, comme la Tour Nelson et ses 171 mètres figurant un mât, parfait symbole pour le plus célèbre des amiraux britanniques. Nos deux papparazzi en herbe se sont chargés de conserver pour nous les meilleures vues des lieux (8).


(1) qui se prononce [ɛ.dɪn.bɹə], soit « è-dine-bra », et pas du tout « é-dime-bourgue », comme nous autres tocards de français avons coutume de le faire pendant que le reste du monde se moque de nous.
(2) Soyons honnêtes un instant : en bagnole c’est moins glorieux mais c’est plus rapide, moins fatiguant et pis c’est très joli aussi. Non mais. Oh. Na.
(3) oxymore cocasse déjà moqué en son temps par Georges Sand : « Le cornemuseux croit que le souffle et le succès ne le trahiront jamais, tandis que l’un est aussi fugitif que l’autre (Sand, Promenade autour d’un village, 1860, p.118) »

(4) un étron comme élément de paysage, j’étais pas prêt.
(5) alors que moi je suis intendant des critiques, chacun son boulot.
(6) Ce qui, à table, donnait à peut près ça :

Moi Piou Pinpin Poupette
(7) comme quoi mettre 250k£ dans une oeuvre d’art plutôt que dans des conditions de vie décentes pour toustes, c’est peut-être pas la solution absolue…
(8) l’un nettement mieux que l’autre, il est vrai, mais reconnaissons que photographier avec une main c’est pas si facile !


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