Le Loch Ness, épuré que c’est beau !

Le départ d’Inverness, où nous avions passé la nuit, fût (pour ne rien vous cacher) un chouïa brutal et en fanfare car Piou avait tout prévu pour l’excursion d’aujourd’hui sur le Loch Ness, à l’exception fâcheuse d’un couple de bambins lambinards très affairés à faire autre chose que ce qu’on leur demande. Piou me connaissant de mieux en mieux, elle a cherché expressément à éviter toutes les attractions et les visites en lien avec Nessie, cette affreuse mascotte vulgaire grâce à laquelle des personnes sans âme profitent sans honte de celleux qui ne savent pas quoi en faire (1). La visite tournera donc autour de l’Histoire et du thème des luttes anciennes entre Clans écossais et Couronne britannique. Oui je suis pète-noix, c’est pas une nouveauté.

Contre le sort et les pauses pipi, nous sommes arrivés en trombe (2) aux pieds de l’hôtel Clansman et de son quai d’où partent régulièrement des bateaux de Jacobite, une compagnie spécialisée dans les tours d’exploration autour du Loch Ness. Il existe plusieurs formules, allant du simple tour sur le Loch en moins d’une heure à une visite de plus de deux heures incluant soit les canaux soit les ruines du Château d’Urquhart. C’est sur cette dernière option que Piou a jeté son dévolu, et je dois avouer encore une fois que j’ai une épouse en or !

(1) Oui cette phrase a un sens, mais je suis curieux d’avoir vos interprétations en commentaire
(2) Et manifestement, vu la couleur des nuages, juste AVANT une trombe

Situé sur une avancée rocheuse (3) au dessus des eaux du Loch Ness, la forteresse d’Urquhart fût une place forte d’obédience variable et d’état de siège fréquent entre le 13e et le 17e siècle. Pour autant, ses origines sont bien plus anciennes que cela, et il est probable que les Pictes avaient déjà établi des fortifications dès le 6e siècle. Son nom étrange serait une déformation du mot Airdchartdan, lui-même concaténation du vieil irlandais aird (promontoire) et du vieux gallois cardden (bois). La forteresse, sur la route menant à Inverness, était d’importance stratégique et a été âprement disputé, tant par les couronnes d’Ecosse et d’Angleterre que par les clans écossais eux-même. Son statut de « château royal » n’a pas empêché ses défenseurs britaniques d’en faire sauter les remparts en 1692 pour ne pas les laisser aux mains de leurs adversaires Jacobites (4). La forteresse est restée ainsi en ruines pendant des siècles, son accès à l’époque difficile limitant le pillage systématique/ recyclage des blocs de construction. Elle a fait l’objet d’une politique de préservation et de mise en valeur par l’office du patrimoine dès le début du 20e siècle et est aujourd’hui le château le plus visité d’Ecosse !

(3) Ce qui avait quand même l’air d’être une sorte de mode à l’époque, c’est assez répétitif
(4) qui sont une faction politique dans l’une des innombrables querelles de succession pour les Deux Couronnes, et pas gens qui ne voient pas bien de près (non Piou), ni des gens qui font tourner leur zizi très vite (non Pinpin)

Le circuit complet ayant commencé à 9h30 et ayant duré 2h30, les ventres gargouillaient déjà alors que nous accostions. Un peu las de la bouffe de café/snack et voulant tant qu’à faire essayer de manger des produits locaux (la région étant riche en bétails et en produits frais), nous nous sommes trouvé un peu par hasard une adresse que je vais me permettre de recommander très très chaudement aux parents qui passent dans le coin avec leur progéniture en train de ronger le cuir de la C4. Ne restez pas dans le secteur ultra touristique du Loch Ness. Eloignez-vous que quelques miles en direction d’Inverness et allez découvrir la Farm Ness. Google Maps nous avait bien indiqué qu’il s’agissait d’une boutique de produits locaux. Moins qu’il y avait aussi, tant qu’à faire, un foodtruck avec les produits de la ferme, un grand chapiteau avec des tables et des bancs et une vaste aire agrémentée de jeux gonflables, de circuits de karts à pédale, pour peu qu’on s’éloigne un peu, une rencontre avec des animaux de ferme classiques (poules, mouton, chevaux,…) et moins classique (alpaga (5)). Donc oui : une boutique de produits locaux ++. Je vous recommande avec une béatitude graisseuse le Dirty Farmer, un tacos (6) composé d’une galette focaccia, de porc braisé, de pikles et de sauces outrageusement criardes mais néanmoins délicieuses. N’ayant pas l’habitude de photographier nos plats (7), nous n’avons malheureusement pas d’illustration à vous proposer. Il faudra nous croire sur parole.

(5) wtf dude, pourquoi ?
(6) Un FUCKING TACOS MAIS MON DIEU C’EST GENIAL TELLEMENT C’EST DISRUPTIF !!!!!
(7) Navré, ancien monde ici

Nous avions prévu de nous arrêter juste le temps de remplir nos tranches de pain de mie d’un peu plus consistant que du cheddar de supermarché, puis d’aller visiter les alentours du Loch Broom, à un peu plus d’heure heure de route de là. Au final nous y avons passé presque toute l’après-midi et ce n’est qu’en début de soirée que nous avons rejoins Ullapool, d’où un ferry devait nous mener à notre prochaine destination dans les Hebrides Extérieures : les îles de Harris & Lewis.

Mais pas sans avoir pu profiter deux heures durant d’un avant goût de l’adolescence.
On est pas prêts…

Fun fact : en parlant d’adolescence, il y avait dans ce ferry (8) une classe entière d’individus à la puberté fortement intervariable et qui occupaient presque autant d’espace que de volume sonore, traversant les ponts en gloussant avec une énergie que seul l’absolu chaos hormonal peut conférer. Les observer avec nos yeux attendris de tous jeunes vieux cons tellement heureux de ne plus en être là mais tellement contents de pouvoir quand même en être témoins (bien installés, avec le popcorn) était une expérience vraiment époustatiflante.

J’ai tellement pas hâte d’être dans 10 ans.

(8) en plus des habituels petits vieux que l’on retrouve dans ABSOLUMENT TOUS nos trajets en ferry… à croire que certains doivent être fournis avec les bateaux, des sortes de mannequins ultra réalistes pour faire croire qu’il y a toujours une présence minimale.

Epilogue
Notre ferry accosta en début de soirée, à la chaude lueur d’un doux crépuscule estival. Un peu fatigués de notre périple et étant à une relative proximité de notre Pod (9), nous avons préféré rentrer à nos pénates plutôt que de passer faire le plein de provisions au Tesco du coin, providentiellement ouvert en ce samedi soir alors qu’approchaient les 22 coups de 22h. Grossière erreur. Terrible erreur. Nous ne le savions pas encore mais notre funeste destin était déjà en marche.

(9) Pod : ingénieuse invention permettant, en un minimum de place, de garantir tout le confort d’un habitat fixe et tous les inconvénient du camping.


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